ESPT

Mon chemin personnel, vers la résilience

Etat de stress post traumatique

Nous avons tous notre propre histoire, et je préfère ne pas m'étendre sur l'origine de mes symptômes pour le moment. Au lieu de cela, je vais vous parler de mon état actuel, de mon diagnostic personnel, et de la manière dont j'essaie de gérer chaque nouvelle journée malgré les défis que mes symptômes peuvent poser. Ils peuvent être très invalidants, mais je fais de mon mieux pour rester positif et continuer à avancer. 


Résumé


Pourquoi ce site ?

Ayant moi-même été atteint de ce syndrome, j'ai traversé et je traverse encore des étapes très difficiles. C'est pourquoi ce site a pour objectif d'essayer d'aider, voire d'apporter un réconfort, aussi minime soit-il, en partageant ma façon d'aborder le quotidien, qui est chaque jour un nouvel obstacle à franchir. Comme le dit le dicton, "aider les autres, c'est s'aider soi-même". 


Pour qui ?

Il est possible que vous ne le sachiez pas, mais vous pourriez être atteint de ce syndrome. Laissez-moi vous expliquer. Personnellement, je ne savais pas que j'en étais atteint avant d'être frappé très brutalement. Cependant, avec du recul, je réalise que de nombreux symptômes précurseurs étaient présents. Il est toutefois très difficile de se diagnostiquer soi-même, pour plusieurs raisons. En effet, certains métiers ne permettent pas de se livrer, encore moins de montrer ses "faiblesses", comme c'est le cas dans l'armée. L'enrôlement, la base et les fondements sont axés sur l'aguerrissement. Comment peut-on alors parler de ses craintes, de ses peurs, de ses ressentis ? Cela semble en totale inadéquation avec les principes de base. Même si, il faut reconnaître que beaucoup d'efforts ont été faits sur ce sujet jusqu'à ce jour. Mais je suis convaincu que cela est également vrai dans le civil, où les "faiblesses" sont souvent sujettes à railleries. 


Objectif de ce site

L'objectif de ce site est de permettre la compréhension, le partage, l'échange et l'aide. Tout est bon à donner et à prendre. Souvenez-vous que vous êtes unique et surtout que "vous n'êtes pas seul !". 


Qu'est-ce que l'ESPT ?


L'ESPT, est-ce une maladie ?

Oui, l'ESPT est considéré comme une maladie mentale reconnue par les classifications internationales telles que le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM) ou la Classification internationale des maladies (CIM). Elle est caractérisée par des symptômes qui surviennent à la suite d'un événement traumatisant, comme un accident, une agression, un attentat ou une catastrophe naturelle, et qui persistent au-delà de la période normale de stress post-traumatique. Les symptômes incluent des flashbacks, des cauchemars, de l'anxiété, de l'évitement, de l'hypervigilance, entre autres. 


L'ESPT, est-ce une blessure ?

Effectivement, l'ESPT est souvent qualifié de blessure psychique plutôt que de maladie, car il est généralement associé à un événement traumatique ou une série d'événements traumatiques qui ont provoqué une détresse émotionnelle intense chez la personne. Cette blessure psychique peut avoir un impact significatif sur la qualité de vie de la personne, ses relations sociales et professionnelles, et peut souvent entraîner des troubles tels que l'anxiété, la dépression, le trouble de stress post-traumatique (TSPT), entre autres. 


Les signes précurseurs

Je voudrais partager mon propre vécu, même si celui-ci n'est pas exhaustif. Pendant des années, j'ai vécu avec des mots sans jamais mettre le doigt sur l'un d'entre eux. J'ai connu des nuits de sueur, des tremblements, des cauchemars intenses. Pour ma part, tout était plus facile, car j'avais vécu en Afrique et je me disais que peut-être j'avais contracté le paludisme, étant donné que je ressentais des symptômes tels que des douleurs abdominales et des envies de vomissement. Mais encore, des moments de solitude, un mal-être général en société où tout se finissait en règlement de compte, une impression d'oppression générale, avec une hypervigilance permanente et surtout usante. Je pensais que le mal pouvait être partout. Tout ça, pendant plus de 20 ans avant de m'effondrer ! Mon issue pour occulter tout ce mal-être a été le sport à outrance. Pas un jour sans courir, sans me défier, sans parler à mon adjudant virtuel que je m'étais généré pour puiser la force de tenir. On devient la proie de ses mots, l'esclave, sans s'en rendre compte. On entretient ses démons, on leur donne du crédit et de la force, pour nous anéantir totalement le jour de la lutte finale, car l'épée de Damoclès pèse sur notre tête.


L'ordre des mots

Ils sont nombreux, et à ne pas en douter peuvent varier.

Les pires pour ma part:


L'alerte

Comme l'on peut le voir, le signal d'alarme avait déjà retentit clairement:


L' entourage

Avec du recul et une nouvelle ouverture d'esprit, je pense qu'il est plus facile aujourd'hui d'engager une discussion en amont pour éviter de se retrouver dans une situation difficile. L'entourage joue un rôle crucial dans notre vie, car il peut nous aider à voir ce que nous ne percevons pas, nous guider lorsque nous sommes perdus et nous écouter lorsque nous avons besoin de confier nos problèmes. Cependant, il est important de rappeler que l'entourage peut également être destructeur, en raison de réflexions inappropriées qui ne prennent pas en compte notre détresse. Il est essentiel de se rappeler que la famille proche n'est pas forcément synonyme de compassion, et peut même être l'inverse. Dans mon cas, j'ai été confronté à une approche très brutale de la part de mes proches qui n'ont pas compris ma situation, étant donné qu'ils venaient d'un cocon douillet. Cela a été encore plus difficile pour moi car en plus de mes problèmes, j'ai dû affronter des mots très durs qui m'ont blessé et mis à terre, alors que j'étais déjà vulnérable. C'est pourquoi je pense qu'il est important de chercher l'aide d'un professionnel qui sera votre meilleur allié. Bien que dans l'idéal, la famille devrait être présente dans tous les sens du terme, cela ne correspond pas toujours à la réalité, qui peut être difficile à affronter. 


Les relations de confiance

Il est crucial de développer une relation de confiance avec les professionnels de la santé, quel que soit leur domaine de pratique. Pour ma part, cela a été un parcours difficile, car j'avais associé les médecins à la mort. Heureusement, certains médecins sont attentifs et disponibles pour leurs patients. Mon médecin traitant personnel (merci Bénédicte) a été très présent pour moi et c'est grâce à elle que j'ai finalement reçu un diagnostic de trouble de stress post-traumatique (ESPT), que je n'avais pas soupçonné. J'ai eu la chance d'être orienté vers l'un de ses amis neurologues, qui n'était pas de nationalité française et avait vécu dans un pays en guerre. Ce qui a suivi a été comme une révélation. En discutant naturellement avec cet homme remarquable, mon passé est remonté à la surface, alors que je l'avais totalement refoulé, une manière pour mon cerveau de me protéger. Les mots sont sortis, les souvenirs ont refait surface, et mon passé s'est révélé de manière incommensurable, alors que j'avais eu l'impression de n'avoir rien accompli pendant plus de 30 ans. 


La reconnaissance

Ce chapitre est très difficile. En France, faire reconnaître une invalidité, surtout militairement, relève du parcours du combattant. Le système est fait pour vous mettre le maximum de bâtons dans les roues, vous décourager, voire vous faire douter. Il va falloir faire ouvrir votre dossier au sein des archives militaires, ce qui n'est déjà pas rien, sans quoi votre demande ne sera même pas traitée.

Après ce parcours calamiteux, il va falloir vous justifier auprès des professionnels de la santé reconnus par le ministère de la Défense. Les étapes sont nombreuses. On vous envoie à l'autre bout de la France par vos moyens, auprès d'un expert reconnu par le ministère, afin d'effectuer une expertise médicale. Après cela, il y a étude de votre dossier, voire confirmation d'expertise, et ça n'en finit pas, car la décision est rendue pour 3 ans, après quoi il faudra encore voir des experts pour que celle-ci devienne définitive.

La pension allouée est fonction du pourcentage d'invalidité qui peut aller de 10% à 40%. En général, elle est de 25% pour ce type de pathologie et au mieux de 40% pour des blessures multiples. N'hésitez pas à vous faire aider pour constituer votre dossier. Gardez courage, ne lâchez rien, car tout est fait pour vous décourager. Sans compter que l'on vous demandera x fois les mêmes papiers. La procédure est longue, très longue. On vous demande les papiers au fur et à mesure, jamais tout tout de suite, on a l'impression que ça n'en finira jamais.


La force de se battre

Il est important d'avoir la force de se battre contre ses difficultés, comme le soulignent souvent les psychiatres, mais cela peut être un combat solitaire. Il est nécessaire de chercher des soutiens partout où ils peuvent être trouvés, que ce soit dans les médicaments, le sport, la musique, ou tout autre chose qui peut aider. Pour ma part, j'ai trouvé certains appuis solides, comme le dépassement de soi, sur lequel je vais m'attarder un peu plus. 


Les activités

Le mouvement est important. Les activités sont essentielles pour ne pas ruminer. J'ai trouvé un réel intérêt à la lecture, qui permet l'évasion psychologique. Des lectures appropriées apportent un réel sentiment de mieux-être, même si celui-ci est de courte durée.

Aujourd'hui, la lecture m'est possible, mais il est vrai que les débuts ont été difficiles en raison de l'impossibilité de se concentrer sur quelque chose. J'ai réussi à relever ce défi grâce aux médicaments. Cela peut être considéré comme un mal pour un grand bien.

La photographie m'apporte beaucoup de bien. Elle me permet de m'évader et surtout de sortir, car j'effectue dans la mesure du possible mes sorties photos en forêt. Ce milieu est très bénéfique pour la sensation de bien-être, tant olfactif que visuel, voire aussi auditif. Les sensations sont nombreuses et le fait de ressentir de petits moments de bien-être est vraiment très bénéfique pour l'esprit. La photographie me permet également de me laisser aller dans un contexte où habituellement les tensions sont majeures. 


La musique

Écouter de la musique peut paraître simple, mais c'est un geste très important. En effet, je me suis découvert une véritable passion pour le jazz, le blues et surtout Tony Bennett, Leonard Cohen et Frank Sinatra. Ces musiques ont un effet relaxant indéniable et peuvent aider à soulager le stress et l'anxiété.

Même en marchant, le repos de l'âme est de mise grâce à ces mélodies. Personnellement, écouter de la musique fait partie de mes anti-dépresseurs naturels. C'est une pratique simple et agréable qui peut faire une grande différence dans notre bien-être émotionnel.


Le sport

Il est indéniable que le sport permet d'évacuer le stress néfaste et de se concentrer sur soi-même. Personnellement, je pratique le trail. Le fait de me pousser un peu me permet de prendre conscience que je me bats pour repousser mes limites et aller de l'avant. Là où parfois j'ai l'impression de baisser les bras face à la fatigue et à l'usure, le sport me rappelle le combat pour l'arrivée. Le dépassement de soi est porteur d'espérance, redonne confiance, produit une sensation de bien-être et renforce le mental. Le trail est un allié idéal pour cela.

Depuis mes blessures, j'ai beaucoup d'appréhension avec le vide. Lorsque je me retrouve sur un chemin escarpé, je me rends alors compte que je fais tout pour éviter la chute. Ces moments-là me montrent que, finalement, je tiens à la vie et que je me bats pour la survie.

L'importance du sport ne doit pas être négligée. Les médicaments parfois lourds, peuvent nous faire nous sentir comme des zombies, comme des loques humaines. Se débarrasser de cette image est crucial, d'autant plus que les médicaments peuvent entraîner une prise de poids conséquente et nous faire marcher au ralenti.


Le miracle n'existe pas

Malgré toutes les dispositions que l'on peut prendre afin d'essayer de parer au mal-être quotidien, le constat reste amer. Il n'y a pas de solution miracle. Les médicaments sont une aide. Les agréments que je viens de citer sont des aides. Les médecines sont également des aides. L'hypnose et la sophrologie que j'ai pu pratiquer pour ma part ne sont pas des remèdes miracles, ni même l'EMDR ou toute autre thérapie alternative. Mais comme j'ai pu le dire auparavant, toutes les béquilles mises en place bout à bout permettent d'atteindre un mieux-être quotidien, c'est déjà ça de pris.

Parfois cela peut paraître décourageant, surtout lorsque l'on démarre sa journée avec les cauchemars de la nuit. Le réveil est parfois brutal et anesthésiant. La fatigue est de mise, on est las, pas dans ses baskets, mais il faut tenir malgré tout.